Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/136

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de l’ivresse et captifs du sommeil ? — N’est-ce pas là une noble action ?… Oui, et fort prudente aussi, — car cela aurait pu irriter un cœur vif — d’entendre ces hommes nier le fait… Bref, je dis — qu’il a bien arrangé les choses ; et je pense — que, s’il tenait sous clef les fils de Duncan, — (ce qui n’arrivera pas, s’il plaît à Dieu), ils verraient — ce que c’est que de tuer un père ; et Fléance aussi ! — Mais, silence ! car, pour avoir parlé trop haut et manqué — de paraître à la fête du tyran, j’apprends — que Macduff est en disgrâce. Pouvez-vous me dire, monsieur, — où il s’est réfugié ?
LE SEIGNEUR.

Le fils de Duncan, — dont ce tyran usurpe les droits héréditaires, — vit à la cour d’Angleterre, où il est reçu — par le très-pieux Édouard avec tant de grâce — que la malveillance de la fortune ne lui fait — rien perdre des honneurs qui lui sont dus. Macduff aussi — s’est rendu là ; il va prier le saint roi de lancer — à son aide Northumberland et le belliqueux Siward, — afin que, grâce à leur secours et à la sanction — du Très-Haut, nous puissions de nouveau — mettre le couvert sur notre table, dormir toutes nos nuits, — délivrer nos fêtes et nos banquets des couteaux sanglants, — rendre un légitime hommage et recevoir de purs honneurs, — toutes satisfactions auxquelles nous ne pouvons qu’aspirer aujourd’hui. Cette nouvelle — a tellement exaspéré le roi, qu’il fait — des préparatifs de guerre.

LENOX.

Avait-il fait mander Macduff ?

LE SEIGNEUR.

— Oui, et, Macduff ayant répondu résolûment : « Non, monsieur ! » — le messager lui a tourné le dos d’un air nébuleux, — en grondant, comme s’il voulait dire : « Vous