Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/194

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PHILIPPE.

— Eh bien donc, à l’œuvre ! notre canon va être tourné — contre le front de cette ville résistante. — Qu’on appelle nos premiers tacticiens — pour choisir les positions les plus avantageuses. — Dussions-nous laisser devant cette ville nos os royaux — et nous frayer un gué dans le sang français jusqu’à sa grand’place, — nous la soumettrons à cet enfant.

CONSTANCE.

— Attendez la réponse à votre ambassade, — si vous ne voulez pas étourdiment souiller de sang vos épées : — monseigneur Châtillon peut rapporter en paix d’Angleterre — ce droit que nous réclamons ici par la guerre ; — et alors nous nous repentirions de chaque goutte de sang — qu’une ardente précipitation aurait si injustement versée.

Entre Châtillon.
PHILIPPE.

— Un prodige, madame !… Voyez, sur votre souhait, — voici notre messager Châtillon qui arrive. — Ce que dit l’Angleterre, dis-le brièvement, noble seigneur ; — nous t’attendons froidement : Châtillon, parle.

CHÂTILLON.

— Eh bien, détournez vos forces de ce misérable siége, — et ébranlez-les pour une tâche plus imposante. — L’Anglais, impatient de vos justes demandes, — s’est mis sous les armes : les vents contraires, — dont j’ai attendu le loisir, lui ont donné le temps — de débarquer ses légions aussitôt que moi : — il marche en toute hâte sur cette ville ; — ses forces sont considérables, ses soldats confiants. — Avec lui vient la reine-mère, — une Até qui l’excite au sang et au combat ; — avec elle est sa nièce, madame Blanche d’Espagne, — ainsi qu’un bâ-