Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/199

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ARTHUR, sanglotant, à Constance.

Assez, ma bonne mère ! — Je voudrais être couché bien bas dans mon tombeau ! — Je ne mérite pas tout ce fracas qu’on fait pour moi.

LA REINE-MÈRE.

— Sa mère lui a tant fait honte, pauvre enfant, qu’il pleure !

CONSTANCE, à la reine-mère.

— Que cela soit ou non, honte à vous ! — C’est le mal que lui fait sa grand’mère, et non la honte que lui fait sa mère, — qui arrache de ses pauvres yeux ces perles qui émeuvent le ciel — et que le ciel acceptera comme une sorte de paiement ! — Oui, le ciel, gagné par ces limpides pierreries, — lui fera justice et vous châtiera.

ÉLÉONORE.

— Ô monstrueuse calomniatrice du ciel et de la terre !

CONSTANCE.

— Ô insulteuse monstrueuse du ciel et de la terre ! — Ne m’appelle pas calomniatrice ! Toi et ton Jean, vous usurpez — les domaines, les couronnes et les droits — de cet enfant opprimé. Lui, le fils de ton fils aîné, — il n’est malheureux que par toi. — Tes péchés sont frappés dans ce pauvre enfant : — la loi d’en haut l’atteint, — parce qu’il n’est encore que la seconde génération — sortie de tes entrailles pécheresses !

LE ROI JEAN.

— Folle, assez !

CONSTANCE.

Un dernier mot.

À la reine-mère.

— Non-seulement il est châtié pour ton péché, — mais Dieu a fait de toi et de ton péché le châtiment — de ton descendant : châtié pour toi, — il est châtié par toi ! Ton