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SCÈNE IX.

— Comme tu enlèves aisément toute l’Angleterre ! — De cette dépouille de la royauté morte, — la vie, le droit et la foi de tout ce royaume — se sont envolés au ciel. Et maintenant, l’Angleterre n’a plus — qu’à lacérer, à dissiper et à déchirer à belles dents — les biens fastueux d’un empire en déshérence. — Maintenant, pour cet os rongé de majesté, — le molosse de la guerre hérisse sa crinière furieuse, — et jappe à la douce vue de la paix. — Maintenant, les forces du dehors et les mécontentements du dedans — coalisés se mettent en ligne ; et l’immense confusion, — comme le corbeau planant sur une bête défaillante, — épie la chute imminente du pouvoir arraché. — Heureux maintenant celui dont le manteau et la ceinture — pourront résister à cette tempête !… Emporte cet enfant — et suis-moi vite ; je vais près du roi. — Nous allons avoir mille affaires sur les bras, — et le ciel lui-même fait sombre mine à la terre.

Ils sortent.

SCÈNE IX.
[Une salle dans un palais.]
Entrent le roi Jean, Pandolphe, portant la couronne, et des gens de la suite.
LE ROI JEAN.

— Ainsi j’ai remis dans votre main — le nimbe de ma gloire.

PANDOLPHE.

Reprenez-la — de ma main, comme tenant désormais du pape — votre grandeur et votre autorité souveraine.

Il rend la couronne au roi.