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SCÈNE XIII.

LE BÂTARD.

— Montre-moi donc la plaie de cette mauvaise nouvelle. — Je ne suis pas une femme, je ne m’évanouirai pas.

HUBERT.

— Le roi, je le crains, a été empoisonné par un moine. — Je l’ai quitté presque sans voix, et je me suis échappé — pour vous informer de ce malheur, afin que — vous soyez mieux armé pour cette crise soudaine — que si vous aviez tardé à l’apprendre.

LE BÂTARD.

— Comment a-t-il pris ce poison ? Qui l’avait goûté pour lui ?

HUBERT.

— Un moine, je vous dis : un scélérat résolu, — dont les entrailles ont crevé brusquement. Pourtant le roi — parle encore, et par aventure, il pourrait en revenir.

LE BÂTARD.

— Qui as-tu laissé près de sa majesté ?

HUBERT.

— Comment ! vous ne savez pas que les lords sont tous revenus, — accompagnés du prince Henry, — et qu’à sa prière le roi leur a pardonné ? — Ils sont tous autour de sa majesté.

LE BÂTARD.

— Arrête ton indignation, ciel tout-puissant, — et ne nous impose pas des épreuves au dessus de nos forces ! — Je te dirai, Hubert, que, cette nuit, la moitié de mes troupes, — en passant les sables, ont été surprises par la marée, — et que les lames du Lincoln les ont dévorées. — Moi-même, bien monté, j’ai pu à peine échapper. — En marche, va devant ! Conduis-moi au roi. — Je crains qu’il ne soit mort, avant que j’arrive.

Ils sortent.