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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/288

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RICHARD III.
chiens aboient quand je m’arrête près d’eux ! — eh bien, moi, dans cette molle et languissante époque de paix, — je n’ai d’autre plaisir pour passer les heures — que d’épier mon ombre au soleil — et de décrire ma propre difformité. — Aussi, puisque je ne puis être l’amant — qui charmera ces temps beaux parleurs, — je suis déterminé à être un scélérat — et à être le trouble-fête de ces jours frivoles. — J’ai, par des inductions dangereuses, — par des prophéties, par des calomnies, par des rêves d’homme ivre, — fait le complot de créer entre mon frère Clarence et le roi — une haine mortelle. — Et, pour peu que le roi Édouard soit aussi honnête et aussi loyal — que je suis subtil, fourbe et traître, — Clarence sera enfermé étroitement aujourd’hui même, — en raison d’une prédiction qui dit que G — sera le meurtrier des héritiers d’Édouard. — Replongez-vous, pensées, au fond de mon âme ! Voici Clarence qui vient.
Entrent Clarence, entouré de gardes, et Brakenbury.
RICHARD, continuant.

— Frère, bonjour ! que signifie cette garde armée — qui accompagne votre grâce ?

CLARENCE.

Sa majesté, — s’intéressant à la sûreté de ma personne, m’a donné — cette escorte pour me conduire à la Tour.

RICHARD.

— Et pour quelle cause ?

CLARENCE.

Parce que mon nom est George.

RICHARD.

— Hélas ! milord, ce n’est pas votre faute. — Ce sont vos parrains que le roi devrait mettre en prison pour cela. — Oh ! sans doute, sa majesté a quelque intention