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SCÈNE V.
que ma volonté prenne son choix en dégoût, — la femme que j’aurai choisie ? Non, il n’est pas d’échappatoire — pour se dérober au devoir en restant ferme dans l’honneur. — Nous ne renvoyons pas ses soieries au marchand, — quand nous les avons salies ; les mets qui restent, — nous ne les jetons pas au rebut — parce que nous sommes pleins. On a trouvé bon — que Pâris tirât vengeance des Grecs ; — le souffle de votre consentement unanime a gonflé ses voiles ; — les flots et les vents, ces vieux querelleurs, ont fait trêve — et l’ont aidé ; il a touché au port désiré ; — et, pour une vieille tante que les Grecs retenaient captive (10), — il a ramené une reine grecque dont la fraîche jeunesse — ride celle d’Apollon et rend terne la matinée. — Pourquoi la gardons-nous ? les Grecs gardent bien notre tante ? — Vaut-elle la peine d’être gardée ? ah ! Hélène est une perle, — dont le prix a lancé plus de mille vaisseaux, — et changé en marchands des rois couronnés ! — Si vous avouez que Pâris a fait sagement de partir, — comme vous le devez, lui ayant crié tous : Pars ! Pars ! — si vous confessez qu’il a ramené une bonne prise, — comme vous le devez, ayant tous battu des mains — et crié : Inestimable ! pourquoi donc à présent — blâmez-vous ce résultat de vos propres conseils, — et, faisant ce que n’avait jamais fait la fortune, — traitez-vous de misère ce que vous estimiez — plus précieux que la mer et la terre ? le plus vil des vols ! — avoir dérobé ce que nous avons peur de garder ! — Larrons indignes de ce que nous avons volé ! — Après être allés chez les Grecs leur faire cet affront, — nous avons peur de l’avouer chez nous.
CASSANDRE, du dehors.

— Pleurez, Troyens, pleurez !

PRIAM.

Quel est ce bruit ? Quel est ce cri ?