— C’est notre folle sœur, je reconnais sa voix.
— Pleurez, Troyens !
C’est Cassandre.
— Pleurez, Troyens, pleurez ! Prêtez-moi dix mille yeux, — et je les remplirai de larmes prophétiques.
— Silence, ma sœur, silence !
— Vierges, adolescents, hommes faits, vieillards ridés, — douce enfance qui ne peut que crier, — ajoutez à mes clameurs ! Payons d’avance — une partie de cette masse de sanglots à venir ! — Pleurez, Troyens, pleurez ! exercez vos yeux aux larmes ! — Troie ne doit pas subsister ; la splendide Ilion ne doit pas rester debout ! — Pâris, notre frère, est la torche qui nous brûle tous (11). — Pleurez, Troyens, pleurez ! Criez ! criez : Hélène et malheur ! Troie brûle, si Hélène ne part pas !
— Eh bien, jeune Troylus, ces accents — prophétiques de notre sœur ne vous causent-ils pas — quelques frémissements de remords ? ou bien votre sang — est-il si follement ardent que ni le langage de la raison — ni la crainte d’un mauvais succès dans une mauvaise cause — ne puissent le calmer ?
Je dis, frère Hector, — que ce n’est pas l’événement