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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/112

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TROYLUS ET CRESSIDA.

THERSITE.

Ton commandant, Achille… Maintenant, Patrocle, dis-moi ce qu’est Achille.

PATROCLE.

Ton seigneur, Thersite. Maintenant, dis-moi, je te prie, ce que tu es toi-même.

THERSITE.

Ton appréciateur, Patrocle. Maintenant, dis-moi, Patrocle, ce que tu es.

PATROCLE.

Tu peux le dire, toi qui m’apprécies.

ACHILLE.

Oh ! dis-le, dis-le.

THERSITE.

Je vais récapituler toute la question. Agamemnon commande Achille ; Achille est mon seigneur ; je suis l’appréciateur de Patrocle, et Patrocle est un niais.

PATROCLE.

Drôle !

THERSITE.

Silence, niais ; je n’ai pas fini.

ACHILLE, à Patrocle.

C’est un homme privilégié… Continue, Thersite.

THERSITE.

Agamemnon est un niais ; Achille est un niais ; Thersite est un niais ; et, comme je l’ai dit, Patrocle est un niais.

ACHILLE.

Déduis cela, allons !

THERSITE.

Agamemnon est un niais de vouloir commander Achille ; Achille est un niais de se laisser commander par Agamemnon ; Thersite est un niais de servir un pareil niais, et Patrocle est un niais tout naturellement.