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TROYLUS ET CRESSIDA.

ULYSSE, à Ajax.

— Nous l’avons aperçu à l’entrée de sa tente, — il n’est pas malade.

AJAX.

Si fait, il a la maladie du lion, une maladie de cœur… hautain. Vous pouvez appeler cela mélancolie, si vous voulez excuser l’homme ; mais j’en jure sur ma tête, c’est l’orgueil… Mais pourquoi ? pourquoi ? qu’il nous fasse connaître son motif !… Un mot, monseigneur.

Il prend Agamemnon à part.
NESTOR.

Qu’a donc Ajax à aboyer ainsi contre lui ?

ULYSSE.

Achille lui a soufflé son fou.

NESTOR.

Qui ? Thersite ?

ULYSSE.

Oui.

NESTOR.

Alors Ajax n’a rien à dire, puisqu’il a perdu son unique argument.

ULYSSE.

Erreur ; vous voyez qu’il prend pour argument celui qui lui a pris le sien, Achille.

NESTOR.

Tant mieux ; leur séparation est plus à souhaiter pour nous que leur ligue. Mais c’était une liaison bien forte pour qu’un fou l’ait pu rompre.

ULYSSE.

La folie peut aisément défaire l’amitié que n’a pas tramée la sagesse. Voici Patrocle.

Patrocle revient.
NESTOR.

Pas d’Achille avec lui.