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SCÈNE XIV.

HECTOR.

— Tu serais un oracle et tu me dirais cela, — que je ne te croirais pas. Désormais, tiens-toi bien sur tes gardes ; car moi, je ne te tuerai pas là, ni là, ni là, — mais, par l’enclume où fut forgé le casque de Mars, — je te tuerai partout, oui, encore et encore !… — Vous autres, sages Grecs, pardonnez-moi cette bravade ; — c’est son insolence qui arrache la sottise de mes lèvres ; mais je tâcherai de mettre mes actes d’accord avec ces paroles, — ou puissé-je ne jamais…

AJAX, à Hector.

Ne t’échauffe pas, cousin. — Et vous, Achille, laissez là ces menaces — jusqu’à ce que le hasard ou la volonté vous mette aux prises. — Vous pouvez tous les jours avoir d’Hector à satiété, — si vous avez de l’appétit ; mais j’ai peur que le conseil des Grecs lui-même — ne vous puisse décider qu’avec peine à vous mesurer avec lui.

HECTOR, à Achille.

— Que nous vous voyions sur le champ de bataille, je vous en prie ! — Nous avons fait la petite guerre, depuis que vous vous retirez — de la cause des Grecs.

ACHILLE.

Tu m’en pries, Hector ! — Eh bien, demain j’irai à ta rencontre, terrible comme la mort. — Ce soir, soyons tous amis.

HECTOR.

Ta main pour conclure l’engagement !

AGAMEMNON.

— Vous tous, pairs de Grèce, venez d’abord à ma tente ; — là vous serez tous mes convives ; — ensuite, selon que vos largesses et les loisirs d’Hector — vous le permettront, vous le traiterez chacun à votre tour. — Battez, tambours ; sonnez, trompettes, — que ce grand soldat se sache le bienvenu !

Fanfares. Tous sortent, excepté Troylus et Ulysse.