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SCÈNE XXI.
torrents, de toutes les épouses des Niobés, — de toute la jeunesse de froides statues, et — de Troie l’épouvantail d’elle-même. Mais allons, en marche ! — Hector est mort : il n’y a plus rien à dire… — Arrêtez pourtant… Vous, abominables tentes, — si fièrement dressées dans nos plaines phrygiennes, — que le Titan du jour se lève aussitôt qu’il l’osera ! — je vous traverserai de part en part !… Et toi, grand lâche, sache-le, nul espace ne séparera nos deux haines ! — Je te hanterai sans relâche comme une conscience coupable — qui évoque autant de fantômes que le remords de pensées ! — Qu’on sonne la marche vers Troie. — Emportons avec nous une consolation : — l’espoir de la vengeance doit voiler nos maux intérieurs.
Énée part suivi des Troyens (16).
Au moment où Troylus s’éloigne, Pandarus arrive d’un autre côté.
PANDARUS.

Écoutez ! Écoutez donc !

TROYLUS.

— Arrière, laquais entrermetteur ! que l’ignominie et la honte — s’acharnent sur ta vie et vivent à jamais avec ton nom ! —

Il s’en va.
PANDARUS.

L’excellent remède pour ma douleur des os ! Ô monde ! monde ! monde ! C’est donc ainsi qu’on méprise les pauvres agents ! Ô traîtres et maquereaux, comme on vous fait travailler dur, et comme on vous récompense mal ! Pourquoi nos services sont-ils si désirés et nos fonctions sont-elles si conspuées ? Avons-nous des vers, une parabole à propos de ça ? Voyons :

L’humble abeille chante joyeusement
Tant qu’elle n’a pas perdu son dard et son miel ;