Au saule pleureur le plus prochain, pour affaire qui vous concerne, comte. De quelle façon porterez-vous votre couronne ? Autour du cou, comme une chaîne d’usurier ? ou sous le bras, comme une écharpe de lieutenant ? Il faut que vous en portiez, de manière ou d’autre : car le prince a conquis votre Héro.
Je lui souhaite beaucoup de jouissance avec elle.
Voilà vraiment le langage des bons bouviers : c’est là leur mot quand ils vendent un taureau. Mais croyez-vous que le prince vous aurait servi ainsi ?
Je vous en prie, laissez-moi.
Oui-dà, vous frappez comme l’aveugle : c’est un gamin qui a volé votre dîner, et vous battez le poteau !
Si ce n’est pas vous, c’est moi qui sortirai.
Hélas ! pauvre oiseau blessé ! Le voilà qui va se réfugier dans les joncs… Mais que madame Béatrice m’ait ainsi désigné sans me reconnaître ! Le bouffon du prince ! Ah ! je pourrais bien avoir vraiment ce sobriquet-là : je suis si gai !… Mais non, je suis trop prompt à me faire injure : je n’ai pas une telle réputation : Béatrice a cette habitude fort vulgaire, quoique fort ridicule, de prendre sa personne pour le monde entier, et c’est elle seule qui m’appelle ainsi. C’est bon. Je me vengerai comme je pourrai.