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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/247

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SCÈNE IV.

DON PEDRO, à Bénédict.

Dites-moi, signor, où est le comte ? L’avez-vous vu ?

BÉNÉDICT.

Ma foi, monseigneur, je viens de jouer pour lui le rôle de dame Renommée. Je l’ai trouvé aussi mélancolique qu’une guérite dans un bois. Je lui ai dit, et je pense lui avoir dit vrai, que votre altesse avait obtenu les bonnes grâces de cette demoiselle ; et je lui ai offert de l’accompagner jusqu’à un saule, soit pour lui tresser une couronne, comme à un pauvre délaissé, soit pour lui faire une poignée de verges comme ayant mérité le fouet.

DON PEDRO.

Le fouet ! Quelle est sa faute ?

BÉNÉDICT.

Le tort d’un écolier niais qui, dans sa joie d’avoir trouvé un nid, le montre à son camarade qui le vole.

DON PEDRO.

Prétends-tu faire d’un acte de confiance un tort ? Tout le tort est au voleur.

BÉNÉDICT.

Pourtant il n’eût pas été mal de préparer les verges et la couronne ; car, la couronne, Claudio l’aurait prise pour lui-même, et les verges, il les aurait réservées pour vous qui, je le crois, lui avez volé son nid.

DON PEDRO.

J’ai voulu simplement apprendre à chanter à l’oiseau, pour le restituer ensuite à son vrai maître.

BÉNÉDICT.

Si son chant ne dément pas votre langage, ma foi, vous avez honnêtement parlé.

DON PEDRO.

Madame Béatrice vous en veut. Le gentilhomme qui dansait avec elle lui a dit qu’elle était grandement desservie par vous.