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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/379

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SCÈNE V.
le premier la main sur moi ! je sortirai de mon propre consentement ; — mais d’abord j’accomplirai ma mission…
Au roi.

La vertueuse reine, — car elle est vertueuse, vous a donné une fille ; — la voici ; elle la confie à votre bénédiction.

Elle dépose l’enfant aux pieds du roi.
LÉONTE.

Arrière ! — sorcière masculine ! Hors d’ici ! à la porte ! — Voilà une maquerelle bien apprise !

PAULINE.

Non pas. — Je suis aussi ignorante en ce métier-là que vous — en me donnant ce titre ; je suis aussi honnête — que vous êtes insensé ; et c’est l’être assez, je vous assure, — au train dont va le monde, pour être réputée honnête !

LÉONTE, aux seigneurs.

Traîtres ! — Vous ne voulez donc pas la jeter dehors ! Qu’on lui rende cette bâtarde !…

À Antigone.

Toi, bélitre, que domine une femme et que supplante — ici madame ta Poule, ramasse cette bâtarde ! — Ramasse-la, te dis-je, et rends-la à ta stryge.

Antigone s’avance vers l’enfant.
PAULINE, à Antigone.

Qu’à jamais — tes mains soient déshonorées, si tu enlèves la princesse, sur la sommation infamante — qu’il vient de te faire !

Antigone recule.
LÉONTE.

Il craint sa femme !

PAULINE.

— Je voudrais qu’il en fût de même de vous ; alors, sans nul doute, — vous appeleriez vôtres vos enfants.