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LE CONTE D’HIVER.

bien digne, s’il n’y allait pas de notre honneur, — de se mésallier à vous…, si jamais il t’arrive — de lui ouvrir ton rustique loquet — ou de presser sa personne dans tes bras, — J’imaginerai pour toi une mort aussi cruelle — que tu es délicate.

Il sort.
PERDITA.

Perdue pour toujours !… — Eh bien, je n’ai pas été trop effrayée ; car une ou deux fois — j’ai été sur le point de parler, et de lui dire nettement — que le même soleil qui luit sur son palais — ne cache point son visage devant notre cabane, et — brille également pour nous…

À Florizel.

Veuillez partir, seigneur. — Je vous avais dit ce qui résulterait de tout ceci. Je vous en conjure, — prenez soin de vos propres intérêts. Quant à mon rêve, — maintenant que je suis éveillée, je le détrône de mon âme ; — je m’en vais traire mes vaches et pleurer.

CAMILLO, au berger.

Allons donc, père ! — parle avant de mourir.

LE BERGER.

Je ne puis parler ni penser, — je n’ose même pas savoir ce que je sais.

À Florizel.

Oh ! seigneur, — vous avez perdu un vieillard de quatre-vingt-trois ans, — qui comptait prendre tranquillement possession de sa tombe, — qui espérait mourir dans le lit où son père est mort, — et reposer tout près de ses os honorés ; mais maintenant — il faut qu’un bourreau me mette mon linceul et me dépose dans une terre — que la pelle d’un prêtre ne remuera pas.

À Perdita.

Ô misérable maudite ! — tu savais que c’était le