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SCÈNE XII.

LÉONTE.

Allez Cléomène ; — et vous-même, accompagné de vos nobles amis, amenez-les dans nos bras.

Cléomène sort avec les courtisans et le gentilhomme.

C’est toujours bien étrange — qu’il vienne ainsi nous surprendre !

PAULINE.

Si notre jeune prince, — la perle des enfants, vivait à cette heure, il rivaliserait — avec celui-ci ; il n’y avait pas un mois de différence — entre leurs naissances.

LÉONTE, à Pauline.

Je t’en prie, assez ! Tu sais — qu’il meurt pour moi chaque fois qu’on en parle. Sans doute, — quand je vais voir ce gentilhomme, tes paroles — vont m’entraîner à des réflexions capables — de m’ôter la raison… Les voici !

Entrent Cléomène, Florizel, Perdita et les courtisans.
LÉONTE, continuant à Florizel.

— Votre mère a été bien fidèle au lit nuptial, prince ; — car elle a reproduit votre royal père, — en vous concevant. Si je n’avais que vingt et un ans, — l’image de votre père est si bien frappée en vous, — vous avez si bien son air, que je vous appellerais mon frère, — comme je l’appelais, et que je vous parlerais de quelque espièglerie — commise par nous jadis. Vous êtes le très-bienvenu, ainsi que votre belle princesse, une déesse ! Hélas ! — j’ai perdu un couple qui, s’il avait pu apparaître — ainsi entre le ciel et la terre, eût enfanté la surprise — autant que vous, gracieux couple ! Et puis j’ai perdu, — toujours par ma propre folie, la société, — l’amitié de votre brave père… Ah ! — tout accablé de misère que je suis, je demande à la vie — de me laisser le voir encore une fois.