Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/61

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[La scène est à Troie.]
Entre le Prologue, couvert d’une armure (5).
LE PROLOGUE.

Des îles de la Grèce — les princes orgueilleux, dont le noble sang s’est échauffé, — ont envoyé dans le port d’Athènes leurs navires, — chargés des ministres et des instruments — de la guerre cruelle. Soixante-neuf chefs, qui portent — le tortil royal, de la baie athénienne — font voile vers la Phrygie, ayant fait vœu — de saccager Troie. Dans cette place forte, — Hélène, femme de Ménélas, — dort avec le voluptueux Pâris qui l’a ravie ; et de là la querelle. — À Ténédos arrivent les Grecs ; — et les barques à la quille profonde dégorgent là — leur belliqueuse cargaison. Puis dans les champs dardaniens — l’armée, fraîche et intacte encore, plante — ses braves pavillons. Les six portes de la cité de Priam, — la Dardanienne, la Tymbria, l’Ilias, la Chétas, la Troyenne — et l’Anténoride, sous leurs gâches massives — et leurs verrous solidement engrenés, — enferment les fils de Troie. — Maintenant la confiance caresse des deux côtés — les esprits chatouilleux, et tous, Troyens et Grecs, — elle les entraîne dans les hasards. Quant à moi, le Prologue, si je viens ici — tout armé, ce n’est pas pour défendre — la plume de l’auteur ou la voix de l’acteur, mais pour vous dire, — sous le costume qui sied à notre sujet, — que notre pièce,