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TROYLUS ET CRESSIDA.
ô spectateurs bénévoles, — saute par-dessus les origines et les préliminaires de cette lutte, — et, commençant en pleine querelle, s’élance de là — dans tous les développements qui peuvent se distribuer en drame. — Louez ou critiquez ; faites à votre guise. — Bonne ou mauvaise, la guerre doit avoir sa chance.
Il sort.

SCÈNE I
[Troie. Devant le palais.]
Arrivent Troylus, armé, et Pandarus.
TROYLUS.

— Qu’on appelle mon varlet ! je veux me désarmer ! — Pourquoi irais-je guerroyer en dehors des murs de Troie, — moi qui ici, au dedans, trouve de si cruels combats ? — Que le Troyen qui est maître de son cœur — aille au champ de bataille ; le cœur de Troylus, hélas ! n’est plus à lui.

PANDARUS.

— Votre état est donc irrémédiable ?

TROYLUS.

— Les Grecs sont forts, et habiles dans leur force, acharnés dans leur habileté, et vaillants dans leur acharnement. — Mais moi, je suis plus faible qu’une larme de femme, — plus timide que le sommeil, plus niais que l’ignorance, — moins vaillant qu’une vierge la nuit, — et moins habile qu’un enfant sans expérience. —

PANDARUS.

Allons, je vous en ai assez dit là-dessus ; quant à moi, je ne veux plus m’en mêler. Celui qui veut avoir un gâteau avec du froment, doit attendre la mouture.