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INTRODUCTION.


I

À lire l’histoire littéraire du genre humain, il semble que les grandes fictions de l’art, comiques ou tragiques, romanesques ou épiques, soient impérissables, comme le Beau dont elles émanent, et que, reléguées dans les régions sublimes, elles en descendent périodiquement, grâce à une sorte de métempsycose, pour s’incarner ici-bas dans quelques œuvres choisies. Ainsi, — pour ne citer que des exemples célèbres, — la même fiction qui avait animé les Ménechmes revient, après dix-huit cents ans, animer Amphitryon. La même fable que les Guêpes avaient révélée à la Grèce antique, renaît pour la France moderne dans les Plaideurs. Souvent ces incarnations successives ont lieu à des intervalles plus rapprochés. Ainsi, quelques générations seulement séparent le Cid de Corneille du Cid de Guilhen de Castro. Ainsi, le Don Juan de Gabriel Tellez n’a précédé que de peu d’années le Don Juan de Molière, que devait suivre bientôt la Don Juan de Byron. Le même siècle a vu surgir l’Amleth de Belleforest