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CYMBELINE.
pour mieux vexer la belle, je ferai sous les vêtements même qu’elle appréciait tant), je la ramènerai à la cour à coups de poing, chez elle à coups de pieds. Elle s’est fait une joie de me mépriser, je me fais une fête de me venger !
Pisanio revient avec les vêtements de Posthumus.
CLOTEN.

Sont-ce là les vêtements ?

PISANIO.

Oui, mon noble seigneur.

CLOTEN.

Depuis combien de temps est-elle partie pour Milford-Haven ?

PISANIO.

C’est à peine si elle peut y être arrivée.

CLOTEN.

Porte ce costume dans ma chambre ; c’est la seconde chose que je te commande : la troisième, c’est d’être le complaisant muet de mes desseins. Pour peu que tu sois dévoué, une légitime grandeur s’offrira d’elle-même à toi… C’est à Milford qu’est maintenant ma vengeance : que n’ai-je des ailes pour l’atteindre ! Viens, et sois fidèle !

Il sort.
PISANIO.

— Tu me commandes mon déshonneur ; car t’être fidèle, — ce serait être fourbe, ce que je ne serai jamais — envers le plus loyal des hommes. Va donc à Milford, — mais pour n’y pas trouver celle que tu poursuis. Affluez, affluez — sur elle, bénédictions célestes ! Que l’empressement de ce fou — soit retardé par les obstacles ; que la peine soit toute sa récompense !

Il sort.