— Je trouve la vie d’homme bien pénible : — je suis épuisée, et voilà deux nuits de suite — que je fais de la terre mon lit. Je me trouverais mal, — si ma résolution ne me soutenait… Ô Milford ! — quand, du haut de la montagne, Pisanio te montrait à moi, — tu étais à l’horizon. Par Jupiter, il me semble — qu’elles fuient toutes devant les malheureux, les habitations où ils — devraient trouver asile. Deux mendiants m’ont dit — que je ne pouvais pas perdre mon chemin. Voudraient-ils mentir, ces pauvres gens — qui sont accablés d’afflictions et qui savent — que c’est un châtiment ou une épreuve ? Pourquoi pas ? Rien d’étonnant à cela, — quand les riches disent si rarement la vérité ! Mentir dans l’abondance — est plus coupable que tromper par besoin, et la fausseté — est pire dans les rois que dans les mendiants… Ah ! mon seigneur bien-aimé, — tu es un de ces perfides… Maintenant que je pense à toi, — ma faim est passée ; et tout à l’heure j’allais — défaillir d’inanition…
Mais que vois-je, là-bas ?… — Voici un sentier qui y mène : c’est quelque sauvage repaire… — Si j’appelais ? Non ; je n’ose pas appeler : mais la famine, — avant d’emporter une créature, la rend intrépide. — Le bien-être et la paix enfantent les lâches ; le dénûment — a pour fille la hardiesse… Holà ! qui est ici ? — Est-ce un être