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SCÈNE XX.

GUIDÉRIUS.

— Et puis sa cuisine est exquise. Il découpe nos racines en chiffres ; — et il assaisonne nos bouillons, comme si Junon était malade — et qu’il fût son infirmier.

ARVIRAGUS.

Avec quelle noblesse il réprime — chaque sourire par un soupir : comme si le soupir — était jaloux de ne pas être son sourire, — et comme si le sourire raillait son soupir de vouloir s’envoler — d’un temple si divin, pour se mêler — aux vents qu’insultent les matelots !

GUIDÉRIUS.

Je remarque — que la douleur et la patience, qui ont pris germe en lui, — enchevêtrent leurs fibres.

ARVIRAGUS.

Grandis, patience ! — et que la douleur, cet infect sureau, dégage — sa racine languissante de ta vigne en croissance !

BÉLARIUS.

— Il fait grand jour. Allons, en marche !… Qui vient là ?

Arrive Cloten.
CLOTEN.

— Je ne peux pas trouver ces vagabonds : le maraud — s’est moqué de moi… Je suis défaillant.

BÉLARIUS.

Ces vagabonds ! — Est-ce de nous qu’il veut parler ? Il me semble le reconnaître ; c’est — Cloten, le fils de la reine. Je crains quelque embûche… — Il y a bien des années que je ne l’ai vu, et pourtant — je suis sûr que c’est lui… Nous sommes mis hors la loi… Partons.

GUIDÉRIUS, à Bélarius.

— Il est tout seul : vous et mon frère, cherchez — si