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INTRODUCTION.

convaincue d’avoir assassiné madame Ismène, sœur du duc de Metz. La vérité était que cette femme, qui d’habitude partageait le lit d’Ismène, avait été trouvée endormie un matin à côté de la princesse assassinée. Les soupçons étaient tombés sur elle, et un certain Méliatirs, qui lui-même avait commis le crime, avait confirmé les soupçons en l’accusant formellement d’avoir tué sa compagne de lit. L’accusation n’ayant pas trouvé de contradicteur, la malheureuse allait périr sur le bûcher. C’est alors que, guidé par un secret pressentiment, Gérard s’approche de la condamnée et reconnaît, devinez qui ? Euriante ! Aussitôt, d’une voix tonnante, il déclare qu’il se fait son champion, et, se tournant vers l’accusateur Méliatirs : « Vassal, s’écrie-t-il, je vous défie ! » Combattre le félon, le terrasser et lui faire confesser son crime est pour Gérard l’affaire d’un moment. Méliatirs ne se relève que pour aller à la potence ; Euriante est délivrée et retrouve son mari dans son sauveur. Les deux époux sont enfin réunis pour ne plus se séparer. Mais il ne suffit pas au romancier que l’innocente soit réhabilitée, il faut que les coupables soient punis. Gérard se rend de Metz à la cour de France ; il dénonce à Son Altesse le mensonge de Lisiart et réclame la comté de Nevers qui lui a été traîtreusement ravie. La décision du procès est remise au jugement de Dieu qui, cette fois encore, se montre juste. Un duel à mort s’engage, en présence de tous les barons de France, entre le mari d’Euriante et son calomniateur. Enfin, après une résistance acharnée que le poëte du moyen âge décrit avec une minutie homérique, Lisiart est vaincu et avoue son imposture :

Il conta toute l’ochoison
Comment la vielle li mostra
Le seing quant Euriant entra
El baing : tout ensi le déchut