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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/210

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CYMBELINE.
casses ? Combien ont tourné les talons dans ce but — et pourtant ont péri ! Et moi, resté sous le charme de mon malheur, — je n’ai pu trouver la mort là où je l’entendais râler, — ni être atteint par elle là où elle frappait. Il est bien étrange — que ce monstre hideux se cache dans les fraîches coupes, dans les lits moelleux, — dans les douces paroles, et qu’il ait là plus d’agents que parmi nous tous, — guerriers, qui agitons ses coutelas !… N’importe, je veux la trouver. — Puisque maintenant elle épargne les Bretons, — je cesse d’être Breton, et je reprends ma place — parmi les Romains. Je ne veux plus combattre, — mais je m’abandonne au premier soudard — qui me touchera l’épaule. Grand a été le carnage — fait ici par les Romains ; grandes seront les représailles — des Bretons. Pour moi, ma rançon est la mort : — je viens ici, n’importe dans quels rangs, jeter une existence — que je ne veux plus ni garder ni remporter. — Cédons-la à tout prix pour Imogène !
Entrent deux Capitaines bretons et des Soldats.
PREMIER CAPITAINE.

— Que le grand Jupiter soit loué ! Lucius est pris. — On croit que ce vieillard et ses fils étaient des anges.

DEUXIÈME CAPITAINE.

— Il y en avait un quatrième, en habit de paysan, — qui a donné l’attaque avec eux.

PREMIER CAPITAINE.

C’est ce qu’on raconte : — mais on n’a pu retrouver aucun d’eux…

Apercevant Posthumus.

Halte ! Qui est là ?

POSTHUMUS.

— Un Romain, — qui ne serait pas ici à languir, s’il avait trouvé — des seconds.