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SCÈNE IV.
— Cette désespérée tempête a si bien étrillé les Turcs — que leurs projets sont éclopés. Un noble navire, venu de Venise, — a vu le sinistre naufrage et la détresse — de presque toute leur flotte.
MONTANO.

Quoi ! Vraiment ?

TROISIÈME GENTILHOMME.

Le navire est ici mouillé, — un bâtiment véronais. Michel Cassio, lieutenant du belliqueux More, Othello, — a débarqué ; le More lui-même est en mer — et vient à Chypre avec des pleins pouvoirs.

MONTANO.

— J’en suis content : c’est un digne gouverneur.

TROISIÈME GENTILHOMME.

— Mais ce même Cassio, tout en parlant avec satisfaction — du désastre des Turcs, paraît fort triste, — et prie pour le salut du More : car ils ont été séparés — au plus fort de cette sombre tempête.

MONTANO.

Fasse le ciel qu’il soit sauvé ! — J’ai servi sous lui, et l’homme commande — en parfait soldat… Eh bien, allons sur le rivage. — Nous verrons le vaisseau qui vient d’atterrir, — et nous chercherons des yeux le brave Othello — jusqu’au point où la mer et l’azur aérien — sont indistincts à nos regards.

TROISIÈME GENTILHOMME.

Oui, allons ! — Car chaque minute peut nous amener — un nouvel arrivage.

Arrive Cassio.
CASSIO, à Montano.

— Merci à vous, vaillant de cette île guerrière, — qui appréciez si bien le More ! Oh ! Puissent les cieux — le défendre contre les éléments, — car je l’ai perdu sur une dangereuse mer !