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OTHELLO.
blesse la main. Oh ! le monde n’a pas une plus adorable créature ! Elle était digne de reposer aux côtés d’un empereur et de lui donner des ordres !
IAGO.

Voyons, ce n’est pas là votre affaire.

OTHELLO.

L’infâme ! Je dis seulement ce qu’elle est… Si adroite avec son aiguille !… Admirable musicienne ! Oh ! avec son chant elle apprivoiserait un ours ! Et puis, d’une intelligence, d’une imagination si élevées, si fécondes !

IAGO.

Elle n’en est que plus coupable !

OTHELLO.

Oh ! mille et mille fois plus !… En outre, d’un caractère si affable !

IAGO.

Trop affable, vraiment !

OTHELLO.

Oui, cela est certain. Mais quel malheur, Iago ! Oh ! Iago ! quel dommage, Iago !

IAGO.

Si vous êtes si tendre à son iniquité, donnez-lui patente pour faire le mal ; car, si cela ne vous touche pas, cela ne gêne personne.

OTHELLO.

Je la hacherai en miettes !… Me faire cocu.

IAGO.

Oh ! C’est affreux à elle.

OTHELLO.

Avec mon officier !

IAGO.

C’est plus affreux encore.

OTHELLO.

Procure-moi du poison, Iago, cette nuit !… Je ne veux