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ROMÉO ET JULIETTE.

JULIETTE.

— Salut à mon vénérable confesseur !

LAURENCE.

— Roméo te remerciera pour nous deux, ma fille.

JULIETTE.

— Je lui envoie le même salut : sans quoi ses remerciements seraient immérités.

ROMÉO.

— Ah ! Juliette, si ta joie est à son comble — comme la mienne, et si, plus habile que moi, — tu peux la peindre, alors parfume de ton haleine — l’air qui nous entoure, et que la riche musique de ta voix — exprime le bonheur idéal que — nous fait ressentir à tous deux une rencontre si chère.

JULIETTE.

— Le sentiment, plus riche en impressions qu’en paroles, — est fier de son essence, et non des ornements : — indigents sont ceux qui peuvent compter leurs richesses ; — mais mon sincère amour est parvenu à un tel excès — que je ne saurais évaluer la moitié de mes trésors.

LAURENCE.

— Allons, venez avec moi, et nous aurons bientôt fait ; — sauf votre bon plaisir, je ne vous laisserai seuls — que quand la sainte Église vous aura incorporés l’un à l’autre.

Ils sortent.

SCÈNE XII.
[Vérone. La promenade du Cours près de la porte des Borsari.]
Entrent Mercutio, Benvolio, un page et des valets.
BENVOLIO.

— Je t’en prie, bon Mercutio, retirons-nous ; — la journée est chaude ; les Capulets sont dehors, — et, si