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ROMÉO ET JULIETTE.
vais défaillir… Malédiction sur vos deux maisons ! — Elles ont fait de moi de la viande à vermine… — Oh ! j’ai reçu mon affaire, et bien à fond… Vos maisons !…
Mercutio sort, soutenu par Benvolio (93).
ROMÉO, seul.

— Donc un bon gentilhomme, le proche parent du prince, — mon intime ami, a reçu le coup mortel — pour moi, après l’outrage déshonorant — fait à ma réputation par Tybalt, par Tybalt, qui depuis une heure — est mon cousin !… Ô ma douce Juliette, — ta beauté m’a efféminé ; — elle a amolli la trempe d’acier de ma valeur !

Rentre Benvolio.
BENVOLIO.

— Ô Roméo, Roméo ! le brave Mercutio est mort : — Ce galant esprit a aspiré la nuée, — trop tôt dégoûté de cette terre.

ROMÉO.

— Ce jour fera peser sur les jours à venir sa sombre fatalité : — il commence le malheur, d’autres doivent l’achever.

Rentre Tybalt.
BENVOLIO.

— Voici le furieux Tybalt qui revient.

ROMÉO.

— Vivant ! triomphant ! et Mercutio tué ! — Remonte au ciel, circonspecte indulgence, — et toi, furie à l’œil de flamme, sois mon guide maintenant ! — Ah ! Tybalt, reprends pour toi ce nom d’infâme — que tu m’as donné tout à l’heure : l’âme de Mercutio — n’a fait que peu de chemin au-dessus de nos têtes, — elle attend que la