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SCÈNE VI.

SCÈNE VI.
[Chez Petruchio.]
Entre Grumio.
GRUMIO.

— Foin ! foin de toutes les rosses éreintées, de tous les maîtres extravagants et de tous les mauvais chemins ! Y eut-il jamais homme aussi étrillé, aussi crotté, aussi harassé que moi ? Je suis envoyé en avant pour faire du feu ; et ils vont arriver pour se chauffer. Si je n’étais pas une petite cruche qui devient chaude aisément, mes lèvres pourraient bien se geler à mes dents, ma langue à mon palais, et mon cœur à ma bedaine, avant que j’aie du feu pour me dégeler… Mais je vais me réchauffer en soufflant le feu ; car, vu le temps qu’il fait, un homme plus grand que moi attraperait aisément un rhume… Holà ! oh ! Curtis !

Entre Curtis.
CURTIS.

Qu’est-ce qui appelle de cette voix transie ?

GREMIO.

Un monceau de glace. Si tu en doutes, tu peux glisser de mon épaule à mon talon, rien qu’en prenant ton élan de ma tête à mon cou. Du feu, bon Curtis.

CURTIS.

Est-ce que mon maître et son épouse viennent, Grumio ?

GRUMIO.

Oh ! oui, Curtis, oui. Du feu, donc ! du feu, et ne jette pas d’eau dessus.