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LA SAUVAOE APPRIVOISÉE.

CURTIS.

A-t-elle la tête chaude comme on dit ?

GRUMIO.

Elle l’avait, bon Curtis, avant cette gelée-là : mais, tu le sais, l’hiver dompte l’homme, la femme et la bête. Car il a dompté mon vieux maître, ma nouvelle maîtresse et toi-même, camarade Curtis.

CURTIS.

Au diable, pantin de trois pouces ! Je ne suis pas une bête, moi.

GRUMIO.

Pantin de trois pouces ! Allons, les cornes que tu portes ont bien un pied de long, et je suis pour le moins aussi haut qu’elles !… Ah çà, veux-tu nous faire du feu ou faudra-t-il que je me plaigne de toi à notre maîtresse ? Tu vas recevoir de sa main de froides caresses, si tu es si lent à faire ta chaude besogne.

CURTIS.

Je t’en prie, bon Grumio, dis-moi comment va le monde.

GRUMIO.

Bien froidement, Curtis, en dehors de ton office d’allumeur. Allons, messire, fais ton devoir pour avoir ton dû. Car mon maître et ma maîtresse sont presque morts de froid.

CURTIS.

Il y a du feu préparé. Ainsi, bon Grumio, donne-moi des nouvelles.

GRUMIO.

Autant de nouvelles que tu voudras, sur l’air de : Jacquot ! holà ! Jacquot (16) !

CURTIS.

Allons ! tu aimes toujours à attraper les gens !