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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.
et vous serez logé en ami chez moi. — Veillez à bien jouer votre rôle, — vous me comprenez, monsieur. Vous resterez chez moi, — jusqu’à ce que vous ayez terminé vos affaires dans la ville. — Si cette offre vous oblige, monsieur, acceptez-la.
LE PÉDAGOGUE.

— Oh ! volontiers, monsieur, et je vous considérerai toujours — comme le protecteur de ma vie et de ma liberté.

TRANIO.

— Venez donc avec moi pour mettre la chose à exécution. — Ah ! à propos, je vous dirai — que mon père est attendu ici chaque jour — pour assurer par contrat la dot — de la fille de Baptista avec qui je me marie. — Pour toutes ces circonstances, je vous mettrai au courant. — Venez avec moi, monsieur, pour vous vêtir comme il sied.

Ils sortent.

SCÈNE VIII.
[Chez Petruchio.]
Entrent Catharina et Grumio.
GRUMIO.

— Non, non, en vérité, je n’oserai pas, sur ma vie !

CATHARINA.

— Sa cruauté se révèle sans cesse par une vexation nouvelle. — Quoi ! est-ce qu’il m’a épousée pour m’affamer ? Les mendiants qui viennent à la porte de mon père — n’ont qu’à prier pour obtenir aussitôt l’aumône ; — leur refuse-t-on la charité ? ils la trouvent ailleurs. — Mais moi, qui n’ai jamais su supplier, — je suis affamée faute d’aliments et défaillante faute de sommeil ! — Je suis tenue éveillée avec des jurons et nourrie de vacarme ! —