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SCÈNE VIII.
Et ce qui me dépite plus encore que toutes ces privations, — c’est qu’il fait tout cela au nom du parfait amour. — Il semblerait, à l’entendre, qu’un peu de sommeil ou de nourriture — serait pour moi une maladie mortelle, voire même la mort immédiate ! Je t’en prie, va me chercher de quoi manger, — n’importe quoi, pourvu que ce soit un aliment sain.
GRUMIO.

— Que direz-vous d’un pied de veau ?

CATHARINA.

— C’est exquis ; je t’en prie, fais-m’en avoir.

GRUMIO.

— Je crains que ce ne soit une viande trop irritante. — Et que diriez-vous de tripes grasses, bien grillées ?

CATHARINA.

— Je les aime beaucoup ; bon Grumio, va m’en chercher.

GRUMIO.

— Je ne sais pas trop ; je crains que ce ne soit irritant. — Que diriez-vous d’un morceau de bœuf à la moutarde ?

CATHARINA.

— C’est un plat dont j’aime me nourrir.

GRUMIO.

— Oui, mais la moutarde est un peu trop échauffante.

CATHARINA.

— Eh bien, la tranche de bœuf ! et laisse la moutarde de côté.

GRUMIO.

— Non, ça, je ne le ferai pas ; vous aurez la moutarde — ou vous n’aurez pas de bœuf de Grumio.

CATHARINA.

— Eh bien ! les deux choses, ou l’une sans l’autre, ou ce que tu voudras.