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LA SAUVAGE APPRIVOISÉE.
sans se laisser maladroitement dévoyer par l’obstacle… — Mais, doucement, qui vient ici ?
Entre Vincentio, en habit de voyage.
PETRUCHIO, à Vincentio.

— Bonjour, gentille dame, où allez-vous ? — Dis-moi, suave Catharina, dis-moi franchement, — as-tu jamais vu une femme plus fraîche ? — Quelle guerre de blanc et de rouge sur ses joues ! — Les étoiles diamantent-elles le ciel aussi splendidement — que ces deux yeux parent cette figure céleste ? — Aimable et jolie fille, encore une fois bonjour ! — Suave Catharina, embrasse-la pour l’amour de sa beauté. —

HORTENSIO.

Il va rendre cet homme fou, à vouloir en faire une femme.

CATHARINA.

— Jeune vierge en bouton, fraîche et suave beauté, — où vas-tu ? où est ta demeure ? Heureux les parents d’une si jolie enfant ! — Plus heureux l’homme à qui les astres favorables — te destinent pour tendre compagne de lit !

PETRUCHIO.

— Eh bien, qu’est-ce à dire, Cateau ? Tu n’es pas folle, j’espère. — C’est un vieillard ridé, fané, flétri que tu vois, — et non une vierge, comme tu dis (20).

CATHARINA.

— Vieux père, pardonne à mes yeux leur méprise : — ils ont été tellement éblouis par le soleil — que tout ce que je vois me paraît vert ; — je m’aperçois à présent que tu es un vieillard vénérable. — Pardon, je te prie, de ma folle méprise !

PETRUCHIO.

— Oui, pardon, bon vieux aïeul ; dis-nous — quel