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TOUT EST BIEN QUI FINIT BIEN.
autrefois ; mais à présent, morbleu ! c’est une poire flétrie. Qu’en voulez-vous faire ?
HÉLÈNE.

Je ne veux encore rien faire de ma virginité… — Là-bas, à la cour, votre maître n’aura qu’à choisir entre mille ; — il trouvera quelque maîtresse qui sera pour lui une mère et une amie, — et qu’il appellera son phénix, son capitaine et son ennemie, — son guide, sa déesse, sa souveraine, sa conseillère, sa traîtresse, sa bien-aimée, — son humble ambition, sa fière humiliation, — sa mélodie discordante et son harmonieux désaccord, — sa religion et sa douce perdition ; à qui il prodiguera enfin — les mille petits noms charmants et passionnés — que gazouille l’aveugle Cupidon ! Alors il sera… — Je ne sais ce qu’il sera… Dieu lui soit en aide ! — La cour est une instructive école ; et c’est un homme, lui…

PAROLES.

— Quel homme est-ce ? voyons.

HÉLÈNE.

Un homme à qui je veux du bien. Le malheur est…

PAROLES.

Quel est le malheur ?

HÉLÈNE.

— C’est que nos vœux n’aient pas un corps — qui les rende palpables ! En sorte que nous autres, pauvres créatures, — à qui notre humble étoile ne permet que les souhaits, — nous puissions en faire sentir l’efficacité à nos amis — et manifester des pensées qui, renfermées en nous, — ne nous attirent aucune reconnaissance ! —

Entre un Page.
LE PAGE.

Monsieur Paroles, monseigneur vous appelle.

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