Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1869, tome 6.djvu/403

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
405
SCÈNE VII.
je t’en supplie… » Voilà ce qu’il me dira au milieu de la conversation la plus importante et la plus sérieuse, oui, la plus importante !… Mais passons là-dessus… Au surplus, je dois vous affirmer, sur l’honneur, qu’il arrivera parfois à Sa Majesté de s’appuyer sur ma pauvre épaule et de caresser de sa main royale mon excrément capillaire, ma moustache… Passons là-dessus encore mon très-cher… Non, sur l’honneur, ce n’est pas une fable que je vous raconte. Il plaît à Son Altesse de conférer certains honneurs spéciaux à Armado, un guerrier, un voyageur qui a vu le monde. Passons là-dessus… Le résumé de tout ceci (mais, mon très-cher, j’implore de vous le secret), c’est que le roi m’a prié d’offrir à la princesse, chère poulette ! quelque divertissant spectacle, pantomime, mascarade, parade ou feu d’artifice. Or, ayant appris que le curé et votre cher individu excellent à ces improvisations, à ces soudaines explosions de la gaieté, pour ainsi dire, je viens m’aboucher avec vous, dans le but d’implorer votre assistance.
HOLOPHERNE.

Seigneur, vous ferez représenter devant la princesse les Neuf Preux… Messire Nathaniel, il s’agit d’une fête, d’un spectacle qui, par l’ordre du roi et sur la demande de ce galant, illustre et savant gentilhomme, doit être, avec notre assistance, offert à la princesse dans le postérieur de ce jour. Je dis qu’on ne peut représenter rien de mieux que les Neuf Preux.

NATHANIEL.

Mais où trouver des hommes assez preux pour les représenter dignement ?

HOLOPHERNE.

Vous ferez Josué ; vous, ou ce galant gentilhomme, Judas Machabée.