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SCÈNE VIII.
— ils vont revenir ici tout à l’heure, — sous leur forme naturelle, car il est impossible — qu’ils digèrent une si cruelle avanie.
LA PRINCESSE.

Ils vont revenir ?

BOYET.

Ils reviendront, ils reviendront, Dieu le sait, — et en bondissant de joie, tout estropiés qu’ils sont par vos coups. — Ainsi, que chacun reprenne son cadeau ; et quand ils reparaîtront, — épanouissez-vous comme de suaves roses au souffle de l’été.

LA PRINCESSE.

— Nous épanouir ! Nous épanouir ! et comment ? Parle de façon intelligible.

BOYET.

— De belles dames masquées sont de belles roses en bouton ; — démasquées, elles montrent leurs suaves couleurs diaprées ; — alors ce sont des anges dépouillés de leur nuage ou des roses épanouies.

LA PRINCESSE.

— Arrière, logogryphe ! Qu’est-ce que nous ferons, — s’ils reviennent coquetter sous leur forme naturelle ?

ROSALINE.

— Bonne madame, prenez mon avis : — raillons-les face à face comme nous les raillions déguisés ; — plaignons-nous à eux des fous qui sont venus ici, — déguisés en Moscovites, dans le plus difforme accoutrement ; — demandons-leur ce qu’ils pouvaient être et dans quel but — ils nous ont offert, dans nos tentes, — leur parade si plate, leur prologue si mal tourné, — et le spectacle de leurs grossiers procédés.

BOYET.

— Retirez-vous, mesdames, nos galants approchent.