Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
SCÈNE VIII.

isabelle.

— Par votre arrêt ?

angelo.

Oui.

isabelle.

Quand ? Je vous conjure de me le dire, afin que, pendant le répit, — quel qu’il soit, qui lui est accordé, il puisse prémunir — son âme contre la perdition.

angelo.

— Ah ! fi de ces vices immondes ! Autant vaudrait — pardonner à celui qui ravit à la nature — un homme déjà créé qu’épargner — ces impudents voluptueux qui frappent l’image divine — en espèces prohibées. Il est tout aussi aisé — de détruire illégitimement une existence légitime — que de verser le métal dans des creusets défendus — pour en faire une illégitime.

isabelle.

— Cela est écrit dans le ciel, mais non sur la terre.

angelo.

— C’est votre avis ? Alors je vais vite vous embarrasser. — Qu’aimeriez-vous mieux, voir la plus juste loi — ôter la vie à votre frère, ou, pour le racheter, — livrer votre corps à d’impures voluptés, — comme la femme qu’il a souillée ?

isabelle.

Monsieur, croyez-le, — j’aimerais mieux sacrifier mon corps que mon âme.

angelo.

— Je ne parle pas de votre âme… Les péchés obligés — font nombre sans nous être comptés.

isabelle.

Comment dites-vous ?

angelo.

— Non, je ne garantirais pas cela ; car je puis réfuter — ce que je viens de dire. Répondez à ceci : — moi, au-