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MESURE POUR MESURE.

compli — qu’Angelo ; ainsi il se peut qu’Angelo, — avec toutes ses parures, tous ses diplômes, tous ses titres, tous ses insignes, — soit un archi-scélérat. Crois-moi, royal prince ! — s’il n’est rien moins que cela, il n’est rien ; mais il est pire encore, — et je manque de mots pour le qualifier.

le duc.

Sur mon honneur, — si elle est folle comme je le crois, — sa folie a un singulier caractère de bon sens, — une suite dans l’enchaînement des idées — que je n’ai jamais vue à la folie.

isabelle.

Ô gracieux duc, — éloignez cette pensée ; et ne repoussez pas la raison même — sous prétexte d’incohérence ; mais que votre raison serve — à faire surgir la vérité des ténèbres où elle est reléguée, — et à y reléguer le mensonge qui n’a du vrai que l’apparence !

le duc.

Bien des gens qui ne sont pas fous — ont certainement moins de raison… Qu’avez-vous à dire ?

isabelle.

— Je suis la sœur d’un nommé Claudio, — condamné pour acte de fornication — à perdre la tête, condamné par Angelo ; — moi, novice d’un couvent, — j’ai été mandée par mon frère ; un nommé Lucio — servant alors de messager…

lucio, interrompant.

C’est moi, s’il plaît à Votre Grâce. — Je suis venu la voir de la part de Claudio, et lui ai demandé — d’essayer sa gracieuse influence auprès du seigneur Angelo, — afin d’obtenir le pardon de son pauvre frère.

isabelle.

C’est lui, en effet.

le duc, à Lucio.

— On ne vous a pas dit de parler.