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TIMON D'ATHÈNES.

premier étranger.

Nous le savons bien, quoique nous lui soyons étrangers. Mais je puis vous dire une chose, monseigneur, que j’apprends par la rumeur publique : les belles heures du seigneur Timon sont désormais passées, et sa fortune croule sous lui.

lucius.

Bah ! n’en croyez rien ; il est impossible que l’argent lui manque.

deuxième étranger.

Pourtant, vous pouvez m’en croire, monseigneur, il n’y a pas longtemps qu’un de ses gens est allé chez le seigneur Lucullus pour lui emprunter un certain nombre de talents ; il a même insisté extrêmement, en expliquant la nécessité où se trouvait son maître, et néanmoins il a été refusé.

lucius.

Comment ?

deuxième seigneur.

Refusé, vous dis-je, monseigneur.

lucius.

Quelle étrange chose ! Ah ! par les dieux, j’en suis tout honteux. Refuser un homme si honorable ! c’est là un acte qui l’est bien peu. Pour ma part, je dois l’avouer, j’ai reçu de lui quelques menues gracieusetés, de l’argent, de la vaisselle, des bijoux et autres bagatelles qui ne sont rien auprès de ce qu’a reçu Lucullus ; eh bien, si, au lieu de s’adresser à lui, il avait envoyé vers moi, je n’aurais jamais refusé les talents qu’il lui fallait.


Entre Servilius.
servilius, apercevant Lucius.

Par bonheur, voilà monseigneur ; je me suis mis en sueur pour trouver Son Excellence… Mon honoré seigneur…