— Je suis misanthrope, et je hais le genre humain. — Quant à toi, je voudrais que tu fusses chien — pour pouvoir t’aimer un peu.
Je te connais bien ; — mais ce qui t’est arrivé est pour moi un mystère étrange.
— Je te connais aussi, mais je ne désire pas te connaître — plus que je ne te connais. Suis ton tambour ; — rougis la terre de sang humain, fais-en un champ de gueules. — Les lois civiles, les canons religieux sont cruels ; — que doit donc être la guerre ? Cette atroce putain qui t’accompagne — fait plus de ravages encore que ton épée, — avec tous ses airs de chérubin.
Que tes lèvres pourrissent !
— Je ne veux pas te baiser ; que la pourriture retombe — donc sur tes lèvres.
— Comment le noble Timon a-t-il subi un tel changement ?
— Comme la lune, faute de lumière à répandre. — Mais je n’ai pas pu, comme elle, renouveler mon éclat, — n’ayant pas de soleil à qui emprunter.
— Noble Timon, quel service puis-je te rendre ?
— Aucun, sinon d’adopter mon avis.
Quel est-il, Timon ?