— Venez-vous voir l’ordre de la course (28) ?
Moi, non.
Je vous en prie, venez.
— Je n’aime pas les jeux… Il me manque un peu de — cet esprit folâtre qui est dans Antoine. — Que je ne contrarie pas vos désirs, Cassius, — je vous laisse.
Brutus, je vous observe depuis quelque temps. — Je ne trouve plus dans vos yeux cette affabilité, — cet air de tendresse que j’y trouvais naguère. — Vous traitez avec trop de froideur et de réserve — votre ami qui vous aime.
Cassius, — ne vous y trompez pas. Si j’ai le front voilé, — c’est que mon regard troublé se tourne — sur moi-même. Je suis agité — depuis peu par des sentiments contraires, — par des préoccupations toutes personnelles, — et peut-être cela a-t-il altéré mes manières ; — mais que mes bons amis — (et vous êtes du nombre, Cassius), n’en soient pas affligés ; — qu’ils ne voient dans ma négligence — qu’une inadvertance du pauvre Brutus qui, en guerre avec lui-même, — oublie de témoigner aux autres son affection.
— Je me suis donc bien trompé, Brutus, sur vos sentiments ; — et cette méprise est cause que j’ai enseveli dans mon cœur — des pensées d’une grande importance, de sérieuses méditations. — Dites-moi, bon Brutus, pouvez-vous voir votre visage ?
— Non, Cassius ; car l’œil ne se voit — que réfléchi par un autre objet.