Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
RICHARD II.

— les empêchements apportés au mariage — du pauvre Bolingbroke, ma propre humiliation, — rien n’a pu assombrir mon visage serein, — ni soulever contre mon souverain un pli de mon front. — Je suis le dernier des fils du noble Édouard, — qui avaient pour aîné ton père, le prince de Galles. — Dans la guerre, jamais lion ne fut plus furieusement terrible ; — dans la paix, jamais agneau ne fut plus docile et plus doux — que ce jeune et royal gentilhomme. — Tu as ses traits, car il te ressemblait, — quand il avait atteint le nombre de tes heures. — Mais, quand il fronçait le sourcil, c’était contre les Français, — et non contre ses amis : sa noble main — avait gagné ce qu’elle dépensait, et ne dépensait pas — ce qu’avait gagné le bras triomphant de son père ; — ses mains n’étaient pas souillées du sang de ses parents, — mais rougies du sang des ennemis de sa race. — Ô Richard, York s’est laissé emporter par la douleur ; — sans quoi il n’eût jamais fait une telle comparaison.

richard.

— Eh bien, mon oncle, de quoi s’agit-il ?

york.

Ô mon suzerain, — pardonnez-moi, si c’est votre plaisir ; sinon, je me résignerai à ne pas être pardonné. — Vous prétendez saisir et accaparer dans vos main — les apanages royaux et les droits du banni Hereford ! — Gand n’est-il pas mort ? et Hereford n’est-il pas vivant ? — Gand n’était-il pas fidèle ? et Harry n’est-il pas loyal ? — Ce prince ne méritait-il pas d’avoir un héritier ? — Et n’a-t-il pas laissé pour héritier un fils bien méritant ? — Anéantissez les droits de Hereford, et vous anéantissez — toutes les chartes et tous les droits consacrés par le temps ; — vous empêchez que demain succède à aujourd’hui ; — vous cessez d’être vous-même, car comment êtes-vous roi, — si ce n’est par hérédité et par succession légitime ?