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SCÈNE XIII.

bon), — si ma parole a encore une valeur en Angleterre, — faites, sur son commandement, apporter un miroir, — que je voie comment est mon visage, — depuis qu’il est dépouillé de sa majesté.

bolingbroke.

— Que l’un de vous aille chercher un miroir.

Un homme de la suite sort.
northumberukd.

— Lisez ce papier, en attendant que le miroir arrive.

richard.

— Démon ! tu me tourmentes avant que je sois arrivé en enfer.

bolingbroke.

— N’insistez plus, milord Northumberland.

northumberland.

— Alors les communes ne seront pas satisfaites.

richard.

— Elles seront satisfaites : j’en lirai assez, — quand j’aurai sous les yeux le livre même — où tous mes péchés sont écrits, c’est-à-dire moi-même.

L’homme rentre avec un miroir et le remet à Richard.

— Donnez-moi cette glace ; c’est là que je veux lire… Quoi ! pas de rides plus profondes ! La douleur qui a porté — tant de coups à ce visage, — n’y a pas fait de plus profondes blessures ! miroir flatteur, — comme les courtisans de ma prospérité, — tu me trompes ! est-ce là le visage de celui — qui chaque jour sous le toit de son palais — entretenait dix mille hommes ? Est-ce là ce visage — qui, comme le soleil, faisait baisser tous les yeux ? — Est-ce là ce front qui affronta tant de folies — et qui reçut de Bolingbroke l’affront suprême ? — Une gloire bien fragile brille sur ce visage ; — eh bien, le visage est aussi fragile que la gloire.

Il jette à terre le miroir, qui se brise.