aussi, madame, une décision a été prise : — vous partirez en toute hâte pour la France (19).
— Northumberland, tu as servi d’échelle — à l’ambitieux Bolingbroke pour monter sur mon trône : — mais avant que le temps ait vieilli bien des heures, — ce crime hideux, devenu un abcès, — s’épanchera en corruption. Tu penseras, — même s’il partage le royaume et t’en donne la moitié, — que c’est trop peu pour toi qui lui as procuré le tout ; — et lui, il pensera que toi, qui sais le moyen — d’établir un roi illégitime, tu saurais également, — à la moindre provocation, trouver moyen — de le culbuter du haut de son trône usurpé. — L’amitié de deux méchants se convertit en crainte, — cette crainte en haine, et la haine entraîne l’un ou l’autre, sinon tous deux, — à une catastrophe et à une mort méritée.
— Que ma faute retombe sur ma tête, et que cela finisse ! — Dites-vous adieu et séparez-vous ; car vous devez partir sur-le-champ.
— Double divorce !… Méchants, vous violez — un double mariage, d’abord entre ma couronne et moi, — et puis entre moi et la femme que j’ai épousée…
— Laisse-moi rompre par un baiser les vœux qui nous unissent ; — par un baiser ? impossible… puisque c’est par un baiser qu’ils ont été scellés. — Sépare-nous, Northumberland : moi, pour aller vers le Nord — où le climat languit dans un froid glacial et morbide ; — ma femme, vers la France d’où elle est venue pompeuse — et parée comme le doux Mai, — et où elle est renvoyée sombre comme la Toussaint.