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SCÈNE I.

le plus chaud — de cette lutte acharnée, est monté à cheval, — incertain du résultat.

le roi.

— Voici un ami cher et diligent, — sir Walter Blunt, qui vient de descendre de cheval, — encore crotté de toutes les boues — qui l’ont éclaboussé d’Holmédon jusqu’ici ; — et il nous rapporte les plus douces et les plus agréables nouvelles. — Le comte de Douglas est en déroute. — Dix mille hardis Écossais et vingt-deux chevaliers, — baignés dans leur sang, ont été vus par sir Walter — dans les plaines d’Holmédon. Hotspur a fait prisonniers — Mordake, comte de Fife, le fils aîné — du vaincu Douglas, et puis les comtes d’Atholl, — de Murray, d’Angus et de Menteith. — N’est-ce pas là un glorieux butin, — une galante prise ? hein, cousin, n’est-ce pas ?

wetsmoreland.

Sur ma foi, — c’est un triomphe dont un prince serait fier.

le roi.

— Oui, voilà une réflexion qui m’attriste ! j’ai le tort — d’envier à milord Northumberland — le bonheur d’être le père d’un pareil fils, — un fils qui est le thème des louanges de l’honneur, — la tige la plus élancée du bosquet, — le mignon bien-aimé, l’orgueil de la fortune, — tandis que moi, témoin de sa gloire, — je vois la débauche et le déshonneur ternir le front — de mon jeune Harry. Oh ! si l’on pouvait prouver — que quelque fée rôdeuse de la nuit a changé — nos enfants dans leurs langes, — a nommé le mien Percy, le sien, Plantagenet ! — Alors j’aurais son Harry, et lui aurait le mien ! — Mais ne pensons plus à lui… Que vous semble, cher cousin, — de l’insolence de ce jeune Percy ? Les prisonniers — qu’il a surpris dans cette aventure, — il prétend se les arroger,