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SCÈNE II.

enseignes de maisons de passe, et le bienfaisant soleil lui-même une belle et chaude fille en taffetas couleur flamme, je ne vois pas pour quelle raison tu ferais cette chose superflue de demander à quel moment du jour nous sommes.

falstaff.

Effectivement, Hal, vous arrivez à me comprendre. Car nous autres, preneurs de bourses, nous nous réglons sur la lune et les sept planètes, et non sur Phébus, le blond chevalier errant. Et je t’en prie, doux railleur, quand tu seras roi… Que Dieu garde ta Grâce !… ta Majesté, devrais-je dire, car, pour la grâce, tu n’en auras pas.

le prince henry.

Comment ! pas du tout ?

falstaff.

Non, ma foi, pas même ce qu’il en faudrait pour préluder à un repas composé d’un œuf et d’une beurrée.

le prince henry.

Bon. Après ? Continue : au fait, au fait !

falstaff.

Eh bien donc, doux railleur, quand tu seras roi, ne permets pas que nous autres, qui sommes les gardes du corps de la nuit, on nous appelle les voleurs des trésors du jour. Qu’on nous nomme les forestiers de Diane, les gentilshommes de l’ombre, les mignons de la lune, et qu’on dise que nous sommes des gens qui se gouvernent bien, puisque nous sommes gouvernés, comme la mer, par notre noble et chaste maîtresse, la lune, sous les auspices de laquelle nous… volons.

le prince henry.

Tu as raison : ce que tu dis est fort juste. Car notre fortune à nous autres, qui sommes les gens de la lune, a, comme la mer, son flux et son reflux, étant, comme la mer,