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SCÈNE V.

plicable autrement : j’ai bu des drogues… Poins ! Hal ! la peste de vous deux !… Bardolphe ! Peto ! que je meure de faim, si je vais voler un pas plus loin ! S’il n’est pas vrai qu’il vaudrait autant devenir honnête homme et quitter ces drôles que boire un coup, je suis le plus franc maraud qui ait jamais mâché avec une dent. À pied, huit verges de terrain inégal, c’est pour moi soixante-dix milles ; et ces chenapans au cœur de pierre ne le savent que trop bien. Peste soit du métier, quand les bandits ne sont pas honnêtes les uns envers les autres !

On siffle.

Houhou !… La peste de vous tous ! donnez-moi mon cheval, coquins ; donnez-moi mon cheval, pendards !

le prince henry.

Silence, grosse tripe ! couche-toi là ; mets ton oreille contre terre, et écoute si tu n’entends pas le pas des voyageurs.

falstaff.

Avez-vous des leviers pour me redresser, quand je serai à terre ? Sangdieu ! je ne recommencerais pas à promener ainsi ma propre chair, pour l’argent monnayé qui est dans l’échiquier de ton père. Quelle rage avez-vous de me mettre ainsi sur les dents ?

le prince henry.

Tu mens, on ne te met pas sur les dents, on te met sur tes pieds.

falstaff.

Je t’en prie, bon prince Hal, retrouve-moi mon cheval, bon fils de roi !

le prince henry.

Fi, drôle ! suis-je votre palefrenier ?

falstaff.

Va te pendre avec ta jarretière d’héritier présomptif !… Si je suis pris, je vous revaudrai cela. Si je ne fais pas