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SCÈNE VII.

falstaff.

Et moi, me voici debout… Vous allez juger, mes maîtres.

le prince henry.

Eh bien, Harry, d’où venez-vous ?

falstaff.

D’East-Cheap, mon noble lord.

le prince henry.

Les plaintes que je reçois sur ton compte sont graves.

falstaff.

Tudieu, milord, elles sont fausses… Ah ! vous allez voir si je suis caressant pour un jeune prince !

le prince henry.

Tu jures, enfant impie ! Désormais ne lève plus les yeux sur moi. Tu es violemment entraîné hors des voies de la grâce : il y a un démon qui te hante sous la forme d’un vieux gros homme : tu as pour compagnon un muid humain. Pourquoi te commets-tu avec ce bagage d’humeur, cette huche verrouillée de bestialité, ce paquet gonflé d’hypocrisie, cet énorme baril de Xérès, ce sac à boyaux tout plein, ce bœuf gras rôti avec la farce dans son ventre, ce vice vénérable, cette iniquité grise, ce père ruffian, cette vanité surannée ? À quoi est-il bon ? à déguster le Xérès et le boire. À quoi est-il propre et apte ? à découper un chapon et à le manger. En quoi consiste son habileté ? en astuce. Son astuce ? en coquinerie. En quoi est-il coquin ? en tout. En quoi est-il estimable ? en rien !

falstaff.

Je voudrais que Votre Grâce me permît de la suivre. De qui Votre Grâce veut-elle parler ?

le prince henry.

De ce scélérat, de cet abominable corrupteur de la jeunesse, Falstaff, ce vieux Satan à barbe blanche.