PROLOGUE.
— Ouvrez l’oreille ; car qui de vous voudrait faire — le sourd, quand parle la bruyante Rumeur ? — C’est moi qui, de l’orient au couchant, — faisant du vent mon cheval de poste, divulgue sans cesse — les actes commencés sur ce globe terrestre. — Sur mes langues voltigent continuellement des fictions — que je traduis dans tous les idiomes — et qui remplissent les oreilles des hommes de faux bruits. — Je parle de paix, tandis que l’hostilité secrète — déchire le monde, sous le sourire de la tranquillité. — Et quel autre que la Rumeur, quel autre que moi — hâte les levées d’hommes alarmées et les préparatifs de défense, — tandis que l’année, grosse de quelque autre catastrophe, — est censée porter dans ses flancs une guerre terrible et tyrannique ! — La Rumeur est une flûte — où soufflent les soupçons, les jalousies, les conjectures : — instrument si aisé et si simple — que le rude monstre aux innombrables têtes, — la discordante et indécise multitude — peut en jouer. Mais qu’ai-je besoin — de faire l’anatomie de ma personne bien connue,